L’intelligence collective à l’aune d’un nouvel environnement de travail
Cela fait presque deux ans maintenant que nous avons tous été contraints de quitter nos bureaux et de nous adapter en conséquence au travail distanciel. La crise du Covid a changé nos paradigmes et accéléré la création d’un modèle de travail hybride ou pleinement distanciel, non seulement dans les entreprises technologiques mais aussi dans les industries traditionnelles. Et force est de constater que cela a produit des résultats très positifs : moins de stress pour beaucoup d’employés, se levant plus tard et évitant les terribles heures de pointe, plus d’efficacité et de productivité également en échappant aux nombreuses distractions des open spaces bourdonnants, et aussi moins de raisons de poser des journées de-ci de-là.
Très souvent ceci-dit, le travail en distanciel a eu un impact négatif sur la dimension si importante d’équipe, d’intelligence collective. C’est probablement la raison pour laquelle la plupart des managers attendent impatiemment le retour de leurs employés au bureau.
Travailler de chez soi supprime toutes les rencontres fortuites autour de la machine à café qui permettent de converser et très souvent de résoudre informellement des problèmes ponctuels. Ou toute possibilité de simplement faire trois pas pour demander à Harry, du département logistique, de jeter un œil sur ce tableau Excel. De telles interactions assez informelles sont souvent très fructueuses. Elles tissent l’intelligence collective.
L’intelligence collective : le tout est plus grand que la somme de ses parties.
Chacun connait le proverbe « deux têtes valent mieux qu’une ». Cela résume assez bien le concept d’intelligence collective.
Plus scientifiquement, l’intelligence collective est la connaissance partagée qui émerge de la collaboration d’un groupe, de l’effort collectif, des interactions qui conduisent à des décisions collégiales réfléchies et enrichies de diverses sensibilités.
Elle constitue une partie essentielle du travail d’équipe dont les résultats offrent un riche mix de décisions co-construites à base d’informations partagées et d’une connaissance commune. Cette valeur ajoutée collective permet aux organisations de bien performer.
L’intelligence collective n’est pas limité aux humains. Elle émerge de la collaboration, du concours de plusieurs individus permettant de produire un consensus décisionnel riche, que ce soit chez les bactéries, les insectes, les animaux, les humains et même les réseaux informatiques.
Les abeilles, par exemple, sont très connues pour leur capacité à prendre des décisions collectives très pertinentes quand elles cherchent du pollen ou bien à bâtir un nouvel essaim.
Wikipédia est aussi un bon exemple technologique d’intelligence collective.
Celle-ci est souvent confondue avec la connaissance partagée, alors que cette dernière est simplement l’information accessible à tous les membres d’une communauté. Mais le concept que nous décrivons est plus que l’information connue et utilisée par tout le monde dans l’organisation.
La notion d’intelligence collective est largement utilisée en politique, sociologie, communication de masse, science informatique et même business, pour décrire une propriété intellectuelle qui émerge de la créativité des individus et de leur façon de traiter les informations.
L’intelligence collective dans l’environnement de travail.
L’intelligence collective est une réalité qui peut se développer seulement si les conditions le permettent.
Quatre principes doivent ainsi coexister : l’ouverture d’esprit, la collaboration, l’échange fluide, et la volonté d’agir globalement pour le bien commun. (selon Don Tapscott et Anthony D. Williams.)
Donner accès à l’information en transparence à tous les collaborateurs et favoriser leur partage d’idées conduit à une amélioration significative de l’innovation et de la productivité tout en renforçant les connexions internes fécondes et confiantes. Collaborer et agir pour le bien commun encourage les organisations à s’auto-gérer, et encourage l’agilité et l’efficacité sans frontières géographiques ou spatiales.
Pour déployer l’intelligence collective, les entreprises ont besoin de :
- créer et entretenir une culture d’entreprise centrée sur le partage et la transparence,
- établir un management horizontal pour responsabiliser les collaborateurs et déployer une saine émulation,
- mettre en place des outils utiles pour faciliter la collaboration entre les équipes.
L’intelligence collective, bien qu’elle suppose l’effort de chacun, doit être adoptée, investie et pilotée par la direction de l’entreprise. Elle doit trouver sa source dans une vision globale d’entreprise pour en constituer sa culture, afin d’être adoptée par les niveaux intermédiaires de management et cascader vers le bas.
De plus, l’entreprise doit fournir les outils nécessaires pour assurer une interaction fluide entre employés, spécialement dans un contexte de télétravail et d’environnement hybride avec une présence physique minimale. Cela nécessite non seulement différents softwares collaboratifs comme Teams ou Slack mais aussi un cadre managérial adéquat.
L’intelligence collective à l’heure du travail à distance.
Le travail à distance peut donc aisément menacer fortement l’intelligence collective. S’il accroît la productivité individuelle, il peut vraiment impacter négativement le travail d’équipe. Ainsi pour éviter ce problème, les managers devraient équilibrer travail distanciel indépendant et moments organisées de travail d’équipe. Ils devraient aussi encourager chaque membre de l’équipe à communiquer en continu, même lorsque cela ne semble pas absolument nécessaire.
Les équipes à distance et leurs managers devraient s’organiser en prenant en compte les difficultés à surmonter : organiser un meeting à distance avec une équipe de 20 personnes et motiver chacun pendant 30 ou 40 minutes est une gageure. Envoyer un simple message slack à votre coéquipier est beaucoup plus difficile que de simplement s’adresser à lui à travers la pièce pour lui demander de l’aide.
Le modèle de travail hybride, où les employés ont la possibilité d’alterner travail à distance et bureau, pourrait être une solution parfaite pour tirer le meilleur parti des deux facettes du travail, individuel et collaboratif.
Cependant, ce n’est pas si simple à organiser. Les managers et les ressources humaines doivent s’assurer que chaque membre d’équipe vienne au bureau le même jour et trouve un espace convenable et confortable afin de déployer les opportunités d’apprentissage et de sérendipité issues des interactions réelles et parfois fortuites.
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